Programme > Conférences débats J-B. Chémery et D. Coeur

Vendredi 6 septembre 2019  -  14h30-16h30  -  Salle D8-001

 

Entre éclairage(s) et bricolage(s), quand les sciences sociales sèment à tout vent

Jean-Baptiste Chemery, Contrechamp

Au travers de deux exemples de chantiers dans le cadre desquels Contrechamp occupe une place clef, on tentera d’envisager la manière dont se déploie une pratique originale, qui peut donner le sentiment de « faire feu de tout bois », concernant l’usage qui est fait des sciences sociales. En retour, on s’interrogera sur ce qui en fait l’intérêt et la spécificité, tels que le rapport à la dimension technique des projets, la place donnée à la pratique et à l’expertise d’usage, les contraintes imposées par les cadres des politiques publiques, le rôle joué par l’exigence de recommandations…

On observera d’abord la façon dont ont été caractérisés différents courants et modèles inspirant les pratiques de participation en matière de gestion de l’eau et des milieux aquatiques dans le cadre d’un état des lieux ces pratiques, réalisé pour le compte de l’Agence française de biodiversité. On y constatera d’abord que l’essentiel des efforts déployés consiste à proposer des clefs de distinction permettant de « mettre de l’ordre » dans le cadre d’un champ – ici la participation- riche et multiforme… avant de saisir comment ces courants se conjuguent en pratique et se trouvent confrontés à des choix tactiques prégnants qui prennent le pas sur l’approche stratégique.

On s’intéressera ensuite à la conduite d’une expérimentation consistant à étudier les conditions de déclinaison du concept d’utilité sociale, issu de la sphère de l’économie sociale et solidaire, à des  projets relevant du grand cycle de l’eau. Pour servir l’ambition d’enrichir les horizons finalitaires des projets concernés et celle de donner aux collectifs concernés les ressources nécessaires à une réflexivité renouvelée, l’expérimentation repose sur un dispositif de recherche-action associant étroitement des praticiens intéressés. Ce sera l’occasion de s’interroger sur l’intérêt et les limites de telles démarches privilégiant la pratique comme objet de questionnement et d’intervention.

 

Temps social, temps technique, temps environnemental : un historien chez les ingénieurs

Denis Coeur, ACTHYS-Diffusion

Exercer le métier d’historien conseil, qui plus est dans le domaine de l’environnement et de l’eau, c’est admettre l’existence au coeur de nos sociétés de « besoins d’histoire » non satisfaits.  Non pas d’un nouveau grand récit intégrateur, comme fut, par exemple, celui de la construction, réelle ou imaginaire, de l’Etat nation, mais, au contraire, la possibilité, selon les objets et les circonstances, d’aborder le temps de manière fragmentée. Dans l’arène des acteurs de l’environnement et des hydrosystèmes se déploient, on le sait, des objets aux temporalités multiples, souvent parallèles, parfois articulées ensemble (phénomènes naturels, systèmes et usages sociaux, administrations, techniques, savoirs, politiques, processus biologiques, etc.). Des temps donc plutôt qu’un temps dont il convient de rendre compte à l’intérieur de scènes d’acteurs elles-mêmes en mouvement - autre temps. L’historien conseil appartient pleinement au dispositif. Il y trouve d’ailleurs  une place légitime et attendue. Il doit en avoir une vive conscience  pour exercer ce que j’appellerai une fonction critique et de mise en concordance des faits et des temps. Reste pour lui, au-delà de l’expertise, à trouver auprès de ses commanditaires et de son auditoire, les formes d’un récit audible et intégrateur. Nous illustrerons ce cheminement de 25 ans à travers divers exemples d’études ou expertises.

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